19h30 , le 20 décembre 2017
Donald Trump et l’ambassadrice américaine à l’ONU ont accentué la pression à la veille d’un vote, jeudi, sur une résolution condamnant la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale d’Israël.
Donald Trump à la Maison-Blanche mercredi, entouré par Rex Tillerson (à gauche) et James Mattis.(Reuters)
L’Assemblée générale de l’ONU est appelée à voter jeudi sur une résolution condamnant la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale d’Israël. Lundi, les Etats-Unis ont eu recours à leur veto pour empêcher l’adoption du texte au Conseil de sécurité. A la différence de ce qui se passe au Conseil de sécurité, il n’y a pas à l’Assemblée générale de droit de veto et les textes qui y sont adoptés n’ont pas de valeur contraignante. Elle compte 193 pays et la résolution soumise jeudi au vote pourrait rassembler jusqu’à quelque 180 voix, selon certaines sources. Ce projet de résolution reprend globalement les termes du texte proposé lundi au Conseil de sécurité. Y sont ajoutés des rappels des résolutions concernant Jérusalem et adoptées par l’Assemblée générale, y compris les plus récentes.
Les menaces de Nikki Haley
« Nous prenons note de ces votes », a lancé Donald Trump depuis la Maison-Blanche, dénonçant « tous ces pays qui prennent notre argent et ensuite votent contre nous au Conseil de sécurité voire à l’assemblée générale ». « Ils prennent des centaines de millions de dollars et même des milliards de dollars et, ensuite, ils votent contre nous », a-t-il tempêté à l’occasion d’une réunion en présence de l’ensemble de son cabinet. « Laissez-les voter contre nous, nous économiserons beaucoup, cela nous est égal », a-t-il ajouté, avant de longuement féliciter l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, pour sa démarche sur le dossier.
« A l’ONU, on nous demande toujours d’en faire plus et de donner plus », a relevé dans un tweet l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley. Avant d’ajouter : « Alors, quand nous prenons une décision, suivant la volonté du peuple américain, sur où mettre NOTRE ambassade, nous ne nous attendons pas à ce que ceux que nous avons aidés nous ciblent. Jeudi, il y aura un vote critiquant notre choix. Les Etats-Unis noteront les noms ». Nikki Haley a précisé et renforcé cette menace dans une lettre qu’elle a adressée aux ambassadeurs à l’ONU de plusieurs pays et que l’AFP a pu voir.
« Le président (Donald Trump) observera attentivement ce vote et il a demandé que je lui signale les pays qui auront voté contre nous », a écrit l’ambassadrice américaine. « Nous prendrons note de chacun des votes sur cette question », a-t-elle averti dans sa lettre. Selon une source diplomatique, Washington a engagé une campagne de pression à l’égard des membres de l’Assemblée générale qui entendraient voter en faveur du texte. Et le langage est similaire à celui utilisé lundi par Nikki Haley à l’adresse de ses 14 partenaires au Conseil de sécurité qui avaient approuvé la résolution présentée par l’Egypte. Le regard noir, Nikki Haley avait alors lancé : ce vote « est une insulte et un camouflet que nous n’oublierons pas ».
Des diplomates étrangers sidérés
Le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki a accusé mercredi Washington d’exercer des « menaces » et « intimidations ». Il parlait à l’aéroport d’Istanbul lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu avant de s’envoler au bord du même avion pour New York afin d’assister au vote à l’Assemblée générale. « Nous voyons maintenant que les Etats-Unis ont pris la voie des menaces (…) Qu’allez-vous faire en prenant les noms? Allez-vous permettre que ces pays soient eux aussi occupés? Ou allez-vous les punir? », a lancé le ministre turc. « Le monde a changé. La logique du ‘Je suis fort, donc j’ai raison’ a changé. Désormais, le monde se soulève contre l’injustice. Désormais, aucune nation qui a de l’honneur, aucun Etat qui se respecte ne courbe l’échine face à ce genre de pressions », a-t-il ajouté.
Les menaces américaines ont sidéré bon nombre de diplomates. « Ce n’est pas comme ça que ça marche, on vote sur des principes », confie à l’AFP un ambassadeur asiatique sous couvert d’anonymat. « On ne peut pas voter A pendant des années et voter soudainement B », renchérit un homologue d’Amérique latine. Avec ces pressions, « les Etats-Unis peuvent avoir une dizaine d’abstentions de pays qui pourraient aussi choisir de ne pas aller voter », estime un troisième ambassadeur, cette fois d’Europe.
(avec AFP)
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